Le blog de XXX
J'ai faim. M'en vais manger. Prenant tout mon temps. Rien ne presse n'est-ce pas ?
Attendant mon repas, je songe. A toi, A Lui. Est-ce que je te fais payer pour mes rêves brisés ? Pour l'amour qui n'existe pas ? Pour tous ces hommes qui ne songent qu'à eux ? Pour la vie refusant encore, toujours, de tourner telle que je le voudrais ? Est-ce que je deviens un monstre ?
Mais tu l'as voulu n'est-ce pas ? Le regretteras-tu ? En es-tu déjà là ? Je n'ai pas l'intention d'écouter ta voix, de toutes façons. Je veux me servir de toi, à présent. Autant que possible. Jusqu'à l'extrême limite. Te prendre tout ce qu'il te sera possible de me donner. Mais comment vais-je agir pour t'utiliser ainsi, sans que jamais tu ne t'enfuies ? Comment te faire perdre toute idée de résistance, pour qu'à jamais tu n'appartiennes plus qu'à moi ?
Je ne vais pas jouer stratégie, j'en suis incapable. Je vais faire ce que me diront mon sang et le tien. Agir comme je le sens. Je verrai bien ce qu'il adviendra.
J'ai mangé. Quoi donc ? Je ne le sais déjà plus. J'ai avalé mon repas mécaniquement. Il était bon pourtant. J'agis en robot décervelé et je prends plaisir à l'idée des maux que je vais te faire subir. Même si j'ignore encore en quoi il vont consister exactement. Mais ce n'est pas grave, je vais trouver. Et toi, tu vas apprendre à te rendre utile. Très utile. Je ne veux plus avoir à me soucier de rien et tu vas m'y aider. Probablement que j'ai tort. Certainement un jour le regretterai-je. Mais pour l'instant je vais jouir de toi et tu vas me simplifier l'existence. Je te le conseille, en tous cas.
Je n'ai plus d'appétit. Je prendrais un dessert plus tard. Je vais te rejoindre. J'ouvre la porte. L'objet est au sol et tu as changé de position. Je referme la porte en la claquant. Tu sursautes. Je ne m'attendais pas à te trouver tel que je t'avais laissé. En réalité, je suis satisfaite. Voici le prétexte dont je n'avais même pas besoin : « Avant de partir, je t'avais ordonné de ne pas bouger. Et cet objet, cela fait déjà deux fois que tu le lâches ! Je ne suis pas contente du tout. » Je n'ai guère besoin de te menacer plus, tu pleurniches : « Je vous en prie, je ne l'ai pas fait exprès. Et je n'en pouvais plus de rester ainsi ». Joignant le geste à la parole, tu te remets à genoux, étirant ton dos, ton postérieur du mieux possible. Baissant la tête, tentant vainement de reprendre de toi-même l'objet du délit. Tu es ridicule et je suis affreuse.
Comment réagirai-je face à un autre homme ? Un qui me résisterait, m'affronterait, me cognerait de sa voix à défaut d'avoir la possibilité de me foudroyer de son regard. Je le sais bien. Je me jetterai à ses pieds, demandant pardon. Très probablement je le libérerai, terrorisée et cherchant le meilleur moyen de pouvoir m'en sortir le mieux possible. Mais tu n'agis pas ainsi et ton attitude exacerbe ce que j'ai de plus laid et vulgaire. Vais-je te haïr pour ça ?